La franchise en assurance est typiquement le passage du contrat que l’on survole… jusqu’au jour du sinistre. C’est pourtant l’un des leviers les plus puissants pour maîtriser le coût de vos primes et éviter les mauvaises surprises au moment de l’indemnisation. Décoder ces fameuses “petites lignes” n’a rien de sorcier, à condition de comprendre les mécanismes concrets derrière les termes techniques.
1. Franchise d’assurance : ce que cela signifie vraiment pour votre portefeuille
Dans son principe, la franchise est la part du sinistre qui reste à votre charge. C’est le “ticket d’entrée” que vous acceptez de payer avant que l’assureur ne commence à vous indemniser. Cette part peut être exprimée en euros ou en pourcentage, et elle est systématiquement précisée dans votre contrat.
Pourquoi les assureurs utilisent-ils des franchises ?
- Limiter les petits sinistres : sans franchise, certains assurés déclareraient tout incident, même minime (rayure sur une voiture, petit dégât d’eau). La gestion de ces sinistres coûterait plus cher aux assureurs, et donc… aux assurés, via des primes plus élevées.
- Responsabiliser l’assuré : en sachant qu’une partie restera à sa charge, l’assuré est incité à être plus prudent et à éviter les sinistres “évités par la vigilance”.
- Adapter le prix du contrat : plus la franchise est élevée, plus la prime peut être réduite. C’est un curseur que vous pouvez utiliser pour ajuster votre budget.
Autrement dit, accepter une franchise, c’est accepter de participer financièrement en cas de sinistre, en échange d’une prime souvent plus abordable. L’enjeu est de trouver le bon équilibre entre ce que vous pouvez payer le jour où il arrive quelque chose, et ce que vous payez tous les mois ou tous les ans.
Franchise : ce qui est écrit vs. ce que vous payez vraiment
Sur le papier, la franchise est simple. Dans la pratique, elle se combine avec d’autres notions (plafond d’indemnisation, vétusté, exclusions…). Il est donc possible que :
- vous pensiez être indemnisé de 1 000 € alors qu’après application de la franchise et de la vétusté, vous ne touchez que 500 € ;
- un sinistre soit “en dessous de la franchise” et ne donne droit à aucune indemnisation ;
- plusieurs franchises s’appliquent sur un même contrat (par exemple une franchise “bris de glace” différente de la franchise “dommages tous accidents”).
La franchise n’est jamais anodine : c’est un chiffre qui doit être mis en perspective avec la valeur de ce que vous assurez et votre capacité financière immédiate. D’où l’importance de savoir lire les petites lignes.
2. Les principaux types de franchises : fixe, relative, proportionnelle… et leurs pièges
Sous le terme “franchise”, les assureurs regroupent en réalité plusieurs mécanismes. Ignorer cette nuance, c’est s’exposer à des malentendus coûteux. Voici les formes les plus courantes et ce qu’elles impliquent concrètement.
La franchise fixe (ou absolue)
C’est la forme la plus répandue, surtout en assurance auto et habitation.
- Principe : un montant précis est défini à l’avance (par exemple 150 €, 300 €, 500 €).
- Application : ce montant est systématiquement déduit de votre indemnisation, dès lors que le sinistre est pris en charge.
Exemple concret : vous avez une franchise fixe de 300 €. Un dégât des eaux cause 1 200 € de dommages. L’assureur retient la franchise : il vous rembourse 900 €. Si le dommage avait été de 250 €, vous n’auriez rien reçu (le montant est inférieur à la franchise).
C’est le type de franchise le plus facile à anticiper : vous connaissez à l’avance le “reste à charge” minimal.
La franchise relative (ou simple)
Plus subtile, mais encore très présente dans certains contrats habitation ou multirisque professionnelle.
- Principe : une limite (en euros) est définie. Si le montant du sinistre est inférieur à cette limite, vous n’êtes pas indemnisé. S’il est supérieur, vous êtes indemnisé… en totalité.
Exemple concret : franchise relative de 300 €.
- Sinistre de 250 € : 0 € remboursé.
- Sinistre de 1 200 € : 1 200 € remboursés (aucune déduction de 300 €).
Cette franchise est intéressante si vous craignez surtout des sinistres importants. En revanche, elle rend le contrat inutile pour les “petites galères” du quotidien. Il est essentiel de vérifier si vous faites face à une franchise fixe ou relative, car l’impact sur votre indemnisation est radicalement différent.
La franchise proportionnelle (en pourcentage)
Plus fréquente en assurance professionnelle, mais elle peut apparaître dans certains contrats spécifiques (perte d’exploitation, responsabilité civile, etc.).
- Principe : la franchise est un pourcentage du montant du sinistre ou de la valeur assurée.
Exemple concret : franchise de 10 % sur une garantie “marchandises”. Un incendie détruit pour 20 000 € de stock. Franchise = 10 % de 20 000 € = 2 000 €. Indemnisation : 18 000 €.
Un pourcentage peut sembler anodin, mais sur des montants élevés, la facture peut devenir lourde. Là encore, la clé est de faire le lien entre le pourcentage et des montants chiffrés de votre activité ou de votre patrimoine.
Les franchises légales vs. contractuelles
Autre distinction importante :
- Franchise légale : imposée par la loi pour certains risques (exemple typique : catastrophe naturelle). Dans ce cas, tous les assureurs appliquent au minimum la même franchise.
- Franchise contractuelle : négociée librement entre vous et l’assureur. Elle peut souvent être ajustée à la hausse ou à la baisse, avec un impact direct sur la prime.
Ne vous contentez jamais de savoir qu’il “y a une franchise” : identifiez sa nature (fixe, relative, proportionnelle) et son origine (légale ou contractuelle). C’est ce qui vous permettra de comparer correctement deux offres.
3. Lire les petites lignes : où se cachent vraiment les franchises dans vos contrats
Les franchises ne sont pas toujours au même endroit d’un contrat à l’autre, et encore moins présentées de façon homogène. Pour un même type d’assurance, deux assureurs peuvent rendre la lecture plus ou moins limpide. Il faut donc adopter une méthode.
Étape 1 : repérer les tableaux de garanties
C’est souvent là que se jouent les principaux éléments financiers :
- Colonne “garanties” : ce qui est couvert (incendie, dégât des eaux, vol, bris de glace, responsabilité civile…)
- Colonne “plafond” : le montant maximal que l’assureur paiera.
- Colonne “franchise” : le montant ou le pourcentage restant à votre charge.
Réflexe à adopter : ne regardez jamais un plafond de garantie sans regarder en même temps la franchise associée. Une excellente garantie avec une franchise disproportionnée peut s’avérer peu utile pour vous.
Étape 2 : identifier les cas particuliers
Les franchises peuvent varier selon les situations. Par exemple :
- une franchise pour “dégât des eaux” différente de celle pour “tempête” ;
- une franchise spécifique pour les objets de valeur (bijoux, matériel professionnel à domicile) ;
- une franchise réduite ou supprimée si vous choisissez certains garages ou artisans partenaires de l’assureur ;
- une franchise augmentée si les mesures de sécurité exigées ne sont pas respectées (alarme, verrouillage, télésurveillance…).
Le détail se trouve souvent dans des paragraphes “Conditions particulières” ou “Conditions de mise en jeu de la garantie”. C’est exactement là que se nichent les mauvaises surprises lorsque personne n’a pris le temps de les relire calmement.
Étape 3 : vérifier les cumuls de franchises
Dans certains sinistres complexes, plusieurs garanties peuvent être sollicitées, avec autant de franchises. Par exemple :
- un dégât des eaux important qui endommage à la fois le bâtiment (murs, sols) et le contenu (meubles, équipements électroniques) ;
- un sinistre auto impliquant à la fois le bris de glace et les dommages tous accidents.
Il est alors essentiel de vérifier si :
- les franchises se cumulent (vous payez plusieurs franchises pour un même événement) ;
- ou si une règle contractuelle limite ce cumul (une seule franchise, la plus élevée, est appliquée).
Cette information est souvent perdue dans les petites lignes, mais elle peut représenter plusieurs centaines d’euros d’écart le jour du sinistre.
Étape 4 : comparer avec des chiffres concrets
Pour sortir du flou, prenez vos contrats et faites l’exercice suivant :
- Notez les principales franchises (auto, habitation, santé, professionnelle).
- Simulez 3 ou 4 sinistres réalistes (un dégât des eaux moyen, un accident auto responsable, un vol de matériel, un bris de smartphone, etc.).
- Calculez votre reste à charge avec les franchises actuelles.
Le but n’est pas de devenir actuaire, mais d’avoir un ordre de grandeur : 150 €, 500 €, 1 500 €… C’est seulement à partir de ces montants concrets que vous pouvez juger si votre contrat est cohérent avec votre situation financière.
Pour aller plus loin, vous pouvez vous appuyer sur notre dossier complet sur la franchise en assurance, qui reprend ces notions avec des grilles comparatives et des exemples chiffrés détaillés.
4. Comment choisir (ou renégocier) sa franchise sans se tirer une balle dans le pied
La franchise est un levier d’ajustement puissant, mais mal utilisé, il peut vous mettre en difficulté au pire moment. L’objectif n’est pas d’avoir la franchise la plus basse possible, ni la prime la plus faible possible, mais une combinaison que vous pouvez assumer dans la durée.
Règle n°1 : aligner la franchise sur votre “coussin de sécurité”
Votre coussin de sécurité, c’est l’épargne disponible que vous pouvez mobiliser rapidement sans mettre votre budget en péril. Si vous avez 300 € de marge mais que votre franchise auto est de 800 €, vous posez une bombe à retardement dans vos finances personnelles.
Quelques repères pragmatiques :
- Si votre épargne est faible : privilégiez des franchises modérées, quitte à payer une prime un peu plus élevée.
- Si vous disposez d’un matelas de sécurité significatif : accepter des franchises plus élevées peut réduire sensiblement votre prime annuelle.
- Si vos revenus sont irréguliers (indépendant, freelance) : évitez des franchises trop lourdes, car un gros sinistre au mauvais moment peut vous mettre en tension de trésorerie.
Règle n°2 : hiérarchiser les risques plutôt que de tout traiter de la même façon
On n’a pas le même intérêt à réduire la franchise :
- pour des sinistres fréquents mais généralement peu coûteux (bris de glace, petits dégâts des eaux) ;
- et pour des sinistres rares mais lourds (incendie, gros accident de voiture, responsabilité civile importante).
Approche rationnelle :
- Sur les gros risques (ceux qui peuvent déséquilibrer durablement vos finances), une franchise un peu plus élevée peut rester acceptable, car l’essentiel est que le “gros” du sinistre soit bien pris en charge.
- Sur les petits risques fréquents, demandez-vous si cela vaut le coup de payer plus cher toute l’année pour une franchise très faible. Il est parfois plus rationnel d’accepter que certaines petites réparations seront intégralement à votre charge.
Règle n°3 : distinguer les contrats “incompressibles” des contrats “optimisables”
Tous vos contrats d’assurance ne se valent pas en termes de marge de manœuvre sur la franchise :
- Auto : la marge de négociation est souvent réelle, surtout sur les garanties “tous risques”. Testez plusieurs niveaux de franchise et comparez l’impact sur la prime.
- Habitation : les franchises sont parfois moins modulables, mais il existe tout de même des options (franchise réduite sur le vol, par exemple).
- Santé : la notion de franchise existe sous la forme de “reste à charge” (ticket modérateur, dépassements d’honoraires, forfaits…). Vous ne décidez pas directement d’une franchise comme en auto, mais les logiques sont similaires.
- Assurance professionnelle : franchise très modulable dans beaucoup de contrats (RC pro, multirisque, perte d’exploitation). Ici, chaque secteur a ses usages, d’où l’intérêt de comparer spécifiquement dans votre domaine.
L’idée est simple : concentrez vos efforts de négociation sur les contrats où une variation de franchise peut faire vraiment baisser la prime, sans mettre en péril votre capacité à absorber un sinistre.
Règle n°4 : comparer toujours à garanties équivalentes
Comparer deux assurances uniquement sur la prime est une erreur courante. Comparer uniquement sur la franchise en est une autre. L’analyse correcte passe par la combinaison :
- niveau et étendue des garanties (qu’est-ce qui est réellement couvert ?) ;
- plafonds d’indemnisation ;
- franchises (montant, type, cumul éventuel) ;
- prix total (prime annuelle ou mensuelle).
Un contrat à 20 € de moins par an mais avec 400 € de franchise en plus sur les sinistres fréquents peut se révéler être un très mauvais calcul à moyen terme. À l’inverse, une légère hausse de franchise sur un risque très improbable peut permettre de réduire la prime sans augmentation réelle de votre exposition.
5. Questions fréquentes sur les franchises : ce que les contrats ne disent pas clairement
Une franchise peut-elle être supprimée ?
Oui, dans certains cas :
- Options “zéro franchise” : certains assureurs les proposent, notamment en auto. Elles augmentent le prix de la prime. Avant de souscrire, vérifiez si le surcoût est rationnel par rapport à la probabilité que vous ayez un sinistre.
- Situations particulières : franchise non appliquée si vous n’êtes pas responsable, ou si le tiers responsable est identifié et assuré.
- Offres promotionnelles : franchise offerte sur le premier sinistre, ou pendant une période déterminée.
Attention : la suppression de la franchise dans un cas spécifique ne signifie pas que toutes les franchises disparaissent. Lisez précisément ce qui est visé.
Peut-on négocier une franchise après la signature du contrat ?
Dans la plupart des cas, oui, mais pas en plein milieu d’un sinistre. Vous pouvez :
- demander un avenant pour augmenter ou diminuer la franchise, en acceptant l’impact sur la prime ;
- renégocier au moment de l’échéance annuelle ;
- profiter d’un changement de situation (déménagement, changement de véhicule, évolution de votre activité pro) pour ajuster le niveau de franchise.
Si l’assureur refuse toute flexibilité sur les franchises, c’est souvent le signe qu’il est temps de comparer le contrat avec la concurrence.
La franchise s’applique-t-elle sur chaque sinistre ou par an ?
En assurance dommage (auto, habitation, multirisque), la franchise s’applique en principe par sinistre. Autrement dit, deux sinistres distincts dans l’année entraîneront deux franchises distinctes.
Dans certains régimes ou contrats spécifiques (notamment en santé ou en prévoyance), on peut trouver des mécanismes proches d’une franchise annuelle (plafond de remboursement, seuil déclencheur, etc.). D’où l’intérêt de lire au-delà des seuls tableaux de garanties.
Que se passe-t-il si le montant du sinistre est inférieur à la franchise ?
Dans la majorité des contrats à franchise fixe, vous n’êtes pas indemnisé. Déclarer le sinistre n’a alors d’intérêt que si :
- le sinistre aggrave un risque existant (infiltration, fissure, problème électrique récurrent) et peut être utile comme “trace écrite” pour le futur ;
- un autre sinistre lié survient plus tard, et l’ensemble peut être analysé comme un seul et même événement ;
- votre contrat ou votre assureur impose la déclaration de tout sinistre, même non indemnisé.
Dans le doute, appelez votre assureur ou votre courtier en amont pour ne pas multiplier inutilement les déclarations qui peuvent impacter vos antécédents sans vous rapporter d’indemnisation.
Peut-on assurer la franchise elle-même ?
Dans certains domaines, oui. Il existe des produits spécifiques qui couvrent tout ou partie de la franchise :
- Location de véhicule : les assurances complémentaires “rachat de franchise” sont courantes.
- Professionnels : certaines polices prévoient des extensions qui réduisent la franchise sur certains sinistres critiques.
Mais ces couvertures ont un coût. Là encore, il faut passer par la calculette : payer 100 € par an pour économiser potentiellement 300 € de franchise tous les 10 ans n’est pas nécessairement pertinent.
Pourquoi deux contrats apparemment identiques affichent-ils des franchises si différentes ?
Plusieurs raisons possibles :
- les profils de clientèle visés ne sont pas les mêmes (jeunes conducteurs vs conducteurs expérimentés, particuliers vs professionnels, secteur d’activité spécifique…) ;
- les statistiques de sinistres de l’assureur (fréquence, coût moyen) influencent sa politique de franchise ;
- des services supplémentaires sont inclus (assistance renforcée, réseau de réparateurs partenaires, accompagnement juridique, etc.).
L’important est de ne pas regarder la franchise isolément, mais en relation avec l’ensemble du contrat et avec votre propre profil de risque. Un professionnel très exposé à certains sinistres n’aura pas les mêmes priorités qu’un particulier prudent avec un historique vierge.
En prenant le temps de décrypter ces mécanismes, vous transformez la franchise d’un détail obscur en un véritable outil de pilotage de votre budget assurance. C’est précisément l’objectif poursuivi par AssurancesComparatif.fr : rendre lisible ce qui est habituellement enfoui dans les petites lignes, pour vous permettre de choisir en connaissance de cause plutôt que par habitude ou par défaut.


