Allsecur fait partie de ces assureurs 100 % en ligne qui bousculent les acteurs traditionnels. Tarifs agressifs, souscription en quelques minutes, gestion dématérialisée des contrats : sur le papier, le modèle coche toutes les cases de la modernité. Mais derrière l’interface épurée et les promesses marketing, comment fonctionne vraiment cette assurance en ligne ? Que se passe-t-il concrètement lorsque vous demandez un devis, signez un contrat ou déclarez un sinistre ?
Dans cet article, je vous propose de passer de l’autre côté de l’écran. Objectif : comprendre la mécanique interne d’Allsecur, identifier ses forces, ses limites, et savoir si ce type d’acteur correspond – ou non – à votre profil d’assuré.
1. Allsecur, c’est quoi exactement ? Acteur direct, courtier ou simple marque ?
1.1. Une marque d’assurance en ligne positionnée sur le « direct »
Avant de parler garanties, il faut clarifier le statut d’Allsecur. Ce type d’acteur se positionne généralement comme une assurance « en direct » :
- pas d’agence physique ;
- pas d’intermédiaire local ou de réseau de courtiers propre ;
- relation client principalement par internet (et centre d’appels).
Concrètement, cela signifie que l’essentiel des coûts de distribution (loyers d’agences, réseau commercial) est supprimé. C’est l’un des principaux leviers qui permet d’afficher des prix souvent inférieurs à ceux des assureurs traditionnels à réseau dense.
Ce modèle repose sur trois piliers :
- une plateforme de devis en ligne capable de tarifer rapidement et précisément ;
- une chaîne de souscription entièrement dématérialisée (signature électronique, paiement en ligne, envoi de documents scannés) ;
- un back-office (gestion de contrats, sinistres, encaissement) fortement industrialisé, souvent appuyé sur de gros systèmes d’information d’un groupe d’assurance.
1.2. Une marque souvent adossée à un grand groupe
Autre point fondamental, que beaucoup d’internautes ignorent : Allsecur n’est pas une petite start-up isolée. Ce type de marque en ligne est généralement relié, juridiquement et techniquement, à un grand groupe d’assurance. Le modèle classique :
- une marque commerciale dédiée au digital (ici, Allsecur) ;
- un contrat d’assurance dont le risque est en réalité porté par une compagnie d’assurance « mère » ;
- des plateformes sinistres, juridiques, comptables partagées avec d’autres marques du groupe.
Pour l’assuré, cela signifie que :
- les garanties et les conditions générales sont généralement calibrées selon les standards d’un grand groupe, et non improvisées ;
- la solidité financière repose sur le bilan de la maison-mère, élément essentiel en cas de sinistres lourds (accident corporel grave, incendie total, etc.).
Ce point rassure, mais il explique aussi un paradoxe : l’image « jeune, flexible, digitale » coexiste avec des procédures internes parfois très classiques, voire rigides.
2. Le parcours client chez Allsecur : de la demande de devis à la gestion quotidienne
2.1. Le moteur de tarification : votre profil passé au crible
Tout commence par un devis. Vous remplissez un formulaire en ligne : véhicule, usage, stationnement, antécédents de sinistre, profil conducteur, habitat, état de santé, selon le type de contrat. Derrière ce formulaire se cache un moteur de tarification sophistiqué qui croise plusieurs familles de données :
- vos déclarations : kilométrage, ancienneté de permis, sinistres passés, type de logement, équipements de sécurité, etc. ;
- des statistiques internes : fréquence et coût moyens des sinistres pour des profils similaires ;
- des fichiers externes (dans le respect du cadre légal) : antécédents d’assurance, résiliations, incidents de paiement, selon les produits et les pays concernés.
L’objectif est double :
- déterminer un tarif individuel, censé refléter le niveau de risque que vous représentez ;
- filtrer les profils jugés trop risqués (multiples sinistres récents, résiliation pour non-paiement, etc.), qui pourront soit être tarifés très cher, soit être purement refusés.
Sur un site d’assurance en ligne comme Allsecur, ce tri est automatisé. Une grande partie du « travail de sélection des risques » autrefois fait en agence est désormais réalisée par le moteur de tarification, en quelques secondes.
2.2. Souscription en ligne : ce que vous signez vraiment
Une fois le tarif affiché, vous pouvez généralement :
- choisir votre niveau de garanties (au tiers, intermédiaire, tous risques, options vol/incendie, bris de glace, assistance, etc.) ;
- ajuster certains paramètres (franchise, plafonds, conducteurs secondaires, options d’indemnisation) ;
- valider votre contrat en ligne, avec paiement immédiat (CB, prélèvement SEPA, parfois mensualisation ou paiement annuel).
Sur le plan juridique, la souscription en ligne chez Allsecur s’appuie sur :
- une proposition d’assurance basée sur vos déclarations, qui fait foi ;
- une acceptation du contrat souvent matérialisée par une signature électronique ou par une double validation (case à cocher + paiement) ;
- un envoi dématérialisé des documents contractuels (conditions particulières, conditions générales, notices d’information).
Point crucial, souvent négligé par les assurés pressés : la déclaration initiale engage votre responsabilité. Toute omission ou inexactitude importante (non-déclaration de sinistre, fausse information sur le stationnement, dissimulation d’un conducteur habituel) peut être utilisée plus tard pour :
- réviser le tarif à la hausse ;
- réduire l’indemnisation ;
- voire résilier le contrat pour fausse déclaration intentionnelle.
C’est l’un des écueils fréquents de la souscription en ligne : l’absence de conseiller en face-à-face incite parfois à « arrondir les angles ». Mauvaise idée. Chez Allsecur comme ailleurs, les systèmes sont conçus pour recouper les informations a posteriori, notamment lors d’un sinistre sérieux.
2.3. Gestion du contrat au quotidien : un back-office piloté par le digital
Une fois client, vous gérez votre contrat principalement via :
- un espace client en ligne (consultation des garanties, attestations, avenants) ;
- un service client par téléphone, email ou formulaire de contact ;
- l’envoi de documents scannés ou photographiés (carte grise, RIB, justificatifs de domicile, devis, factures de réparation).
En coulisses, Allsecur s’appuie sur une organisation segmentée :
- front-office : conseillers clientèle qui répondent aux appels, aux emails, guident dans les formalités ;
- middle-office : équipes en charge de la validation de pièces, de la lutte contre la fraude, de la conformité ;
- back-office : gestion des flux financiers (prélèvements, remboursements), mise à jour des contrats, archivage.
Cette segmentation est très industrialisée, avec de nombreux scripts et procédures standardisées. Gain de productivité à la clé, mais aussi une relative rigidité : sortir des cases prévues par le système peut devenir compliqué (cas atypiques, multi-usages, profession libérale avec activité partielle à domicile, etc.).
3. La gestion des sinistres chez Allsecur : comment ça se passe vraiment ?
3.1. Déclaration du sinistre : digital, mais pas toujours instantané
Lorsqu’un sinistre survient (accident auto, dégât des eaux, bris de glace, etc.), la première étape est la déclaration. Chez Allsecur, vous pouvez généralement :
- déclarer en ligne, via un formulaire dédié ;
- appeler un numéro dédié aux sinistres, parfois accessible 24/7 selon la gravité (assistance, dépannage, accidents corporels) ;
- envoyer pièces jointes et photos directement via votre espace client ou par email.
Sur le plan interne, la déclaration déclenche :
- la création d’un dossier sinistre dans le système d’information ;
- une première qualification automatique (type de sinistre, garanties mobilisables, montants potentiels) ;
- l’affectation du dossier à un gestionnaire sinistres ou à une équipe spécialisée.
La promesse du « 100 % en ligne » se heurte ici à une réalité : dès qu’un sinistre devient un peu complexe (responsabilité contestée, plusieurs véhicules impliqués, recours, expertise), c’est bien un gestionnaire humain qui pilote, avec ses propres contraintes de charge de travail et de priorisation.
3.2. Expertise, réparateurs partenaires et indemnisation
Selon la nature du sinistre, plusieurs scénarios se présentent.
3.2.1. Sinistre simple, montant limité
Pour les petits sinistres évidents (pare-brise, petite rayure, dégât simple), Allsecur peut :
- proposer un parcours express avec réparateur partenaire (garages agréés, réseaux de vitrage) ;
- appliquer des accords forfaitaires, sans expertise contradictoire ;
- rembourser sur justificatifs, via photos + factures, si la politique interne l’autorise.
Dans ces cas, le traitement peut être très rapide, parfois en quelques jours, car tout est standardisé.
3.2.2. Sinistre complexe, responsabilité ou montant élevé
Dès que les montants en jeu deviennent significatifs (véhicule économiquement irréparable, incendie d’habitation, dommages corporels) ou que les circonstances sont contestées, le dossier suit un circuit plus long :
- nomination d’un expert (pour évaluer les dommages matériels, estimer la valeur du bien, vérifier la cohérence du récit) ;
- analyse juridique : application des conventions entre assureurs, partage de responsabilité, recours contre un tiers responsable ;
- vérification approfondie de votre dossier contractuel (validité des garanties, franchise, exclusions, déclarations initiales).
Dans ce schéma, Allsecur s’appuie souvent sur :
- des experts indépendants mandatés (auto, bâtiment, santé) ;
- des plateformes d’expertise à distance (analyse de photos, visio-expertise) ;
- des conventions inter-assureurs qui encadrent les indemnisations et recours.
C’est à ce stade que certains assurés ressentent une forme de « mur invisible » : délais, demandes complémentaires de documents, discussions sur l’application ou non d’une garantie. En réalité, ce n’est pas propre à Allsecur, mais au fonctionnement global du marché. Là où le modèle en ligne peut accentuer la frustration, c’est l’absence de face-à-face avec un interlocuteur dédié.
3.3. Les principaux points de vigilance en cas de sinistre
Qu’il s’agisse d’Allsecur ou d’un autre assureur en ligne, plusieurs réflexes protègent vos intérêts :
- Relire précisément vos conditions particulières : ce sont elles qui définissent vos garanties réelles, plus que la brochure commerciale ;
- Vérifier les exclusions : usage professionnel du véhicule, prêt du véhicule à un jeune conducteur non déclaré, objets de valeur à domicile, etc. ;
- Documenter systématiquement : photos, constats, factures d’achat, devis de réparation ;
- Garder des traces de vos échanges : emails, courriers, numéros de dossiers, noms d’interlocuteurs.
En cas de désaccord persistant sur une indemnisation, il est possible de :
- saisir le service réclamations interne d’Allsecur ;
- puis, si nécessaire, solliciter le Médiateur de l’Assurance après épuisement des voies internes.
4. Avantages et limites d’une assurance 100 % en ligne comme Allsecur
4.1. Les principaux atouts : prix, simplicité, réactivité
Allsecur capitalise sur plusieurs forces structurelles liées au modèle digital :
- Tarifs compétitifs : moins de frais fixes, plus de volumes standardisés, ce qui se traduit souvent par des primes attractives pour les profils « dans la norme » (conducteur expérimenté, peu de sinistres, risques classiques).
- Devis rapide et comparabilité : en quelques minutes, vous obtenez un tarif et pouvez le confronter à d’autres assureurs via des comparateurs ou des demandes directes.
- Souplesse de souscription : possibilité de souscrire à toute heure, sans rendez-vous, avec une mise en place souvent quasi immédiate (notamment pour l’auto, avec l’édition instantanée de la carte verte provisoire).
- Dématérialisation complète : fin des pochettes papier, des envois postaux multiples, gestion simplifiée des attestations et justificatifs.
Pour un profil autonome, à l’aise avec le numérique et disposant d’un risque standard (auto « classique », appartement en ville, mutuelle sans pathologie lourde), ce type d’acteur peut offrir un très bon rapport qualité/prix.
4.2. Les limites : relation client distante et moins de sur-mesure
Le revers de la médaille tient à la logique de massification et de standardisation :
- Peu de conseil proactif : l’assureur en ligne attend que vous veniez vers lui. Il n’y a pas de conseiller attitré qui vous alerte, par exemple, sur un niveau de garantie trop faible au regard de votre situation patrimoniale.
- Moins de flexibilité pour les profils atypiques : multi-conducteurs, usages mixtes pro/perso, logement avec particularités (dépendances, location saisonnière fréquente), risques aggravés… Le moteur de tarification a tendance à mal les gérer, soit en refusant, soit en surtaxant.
- Relation essentiellement à distance : en cas de conflit ou de dossier sensible (sinistre lourd, litige sur responsabilité), certains assurés regrettent de ne pas pouvoir se rendre en agence, face à un interlocuteur connu.
- Dépendance aux canaux numériques : pour les clients peu à l’aise avec les outils digitaux, la gestion peut rapidement devenir pénible.
En pratique, l’important est de vérifier si votre profil correspond à la cible naturelle d’Allsecur : un assuré autonome, informé, prêt à gérer ses contrats sans accompagnement de proximité.
5. Allsecur face aux autres assureurs : comment l’évaluer objectivement ?
5.1. Les critères vraiment pertinents à comparer
Pour juger Allsecur à sa juste valeur, il ne suffit pas de regarder le prix affiché. Plusieurs critères doivent être analysés en parallèle :
- Étendue réelle des garanties : niveaux d’indemnisation, plafonds, présence ou non de garanties annexes (assistance 0 km, contenu du coffre, objets de valeur, panne mécanique, protection juridique renforcée, etc.).
- Niveau de franchises : une prime très basse avec des franchises très élevées peut s’avérer moins intéressante à l’usage.
- Conditions d’indemnisation : valeur à neuf, valeur d’achat, valeur à dire d’expert, délais d’indemnisation annoncés, modalités de recours.
- Politique de bonus-malus ou de surprime : rapidité de pénalisation en cas de sinistre responsable, marge de tolérance pour les petits accrochages.
- Qualité de la gestion des sinistres : retours d’expérience, avis clients argumentés, taux de satisfaction sur les indemnisations, pas uniquement sur le prix.
C’est précisément pour aider à structurer cette comparaison qu’un site comme AssurancesComparatif.fr propose un dossier complet d’analyse sur la marque Allsecur, ses contrats et ses spécificités. L’idée n’est pas de juger « bon ou mauvais » dans l’absolu, mais d’indiquer pour quels profils et quels besoins l’offre est pertinente.
5.2. Allsecur est-il adapté à votre profil ? Quelques cas concrets
Pour vous projeter, voici quelques situations typiques.
5.2.1. Conducteur urbain, voiture récente, usage domicile-travail
Profil :
- 35 ans, permis depuis plus de 10 ans, deux sinistres mineurs en 10 ans ;
- véhicule récent, stationné en parking collectif sécurisé ;
- usage essentiellement domicile-travail et loisirs.
Ce profil est clairement dans le cœur de cible d’une assurance en ligne comme Allsecur. Les risques sont facilement modélisables, le comportement globalement prévisible. Le gain tarifaire par rapport à un assureur traditionnel peut être significatif, à garanties comparables, à condition de veiller à ne pas rogner sur la qualité des couvertures (tous risques, assistance, garanties du conducteur).
5.2.2. Jeune conducteur, véhicule ancien, budget serré
Profil :
- 21 ans, permis récent, aucun sinistre mais peu d’antériorité ;
- petite citadine ancienne, stationnée dans la rue ;
- budget limité, recherche du prix le plus bas possible.
Les assureurs en ligne comme Allsecur peuvent proposer des tarifs compétitifs, mais la sélection est plus dure. Certains profils seront refusés ou surtaxés. De plus, la tentation est grande de se contenter de garanties minimales au tiers, qui laissent le conducteur très exposé en cas d’accident responsable. Ici, la comparaison doit être d’autant plus rigoureuse, et l’économie réalisée ne doit pas se faire au détriment de protections essentielles (notamment la garantie du conducteur).
5.2.3. Propriétaire d’une maison avec dépendances et objets de valeur
Profil :
- Maison individuelle avec garage, atelier, abri de jardin, parfois piscine ;
- présence d’objets de valeur (œuvres, bijoux, matériel professionnel à domicile) ;
- besoin de garanties élargies (responsabilité civile étendue, protection juridique, dommages électriques, etc.).
Les assurances en ligne peuvent couvrir ce type de risque, mais avec des formules plus standardisées. Les dépendances, les biens spécifiques, ou la coexistence d’un usage professionnel dans le logement peuvent vite dépasser les cases prévues par les conditions générales. Selon la complexité du patrimoine, un assureur plus traditionnel ou un courtier peut parfois négocier un contrat plus finement calibré.
5.3. Quand l’assureur en ligne n’est pas la meilleure solution
Il existe des cas où Allsecur – comme la plupart des assureurs 100 % en ligne – n’est pas idéal :
- Profils avec sinistralité lourde (multiples accidents récents, résiliation par un précédent assureur) : le moteur de tarification peut simplement refuser ou appliquer des primes dissuasives.
- Risque professionnel spécifique (artisanat, professions médicales, entreprises avec flotte de véhicules) : la granularité des garanties nécessaires dépasse souvent le cadre des offres standard.
- Besoin d’accompagnement humain élevé (personnes âgées peu à l’aise avec le numérique, assurés ayant déjà vécu des litiges complexes) : l’absence d’agence physique peut générer plus de stress que d’économies.
Dans ces scénarios, il est souvent pertinent de confronter l’offre d’Allsecur à celles d’assureurs plus spécialisés ou d’un courtier capable de monter un contrat sur-mesure, quitte à payer un peu plus cher pour une sérénité juridique et opérationnelle supérieure.

